ENNAHDHA et ses «alliés potentiels» vivent depuis les dernières législatives une histoire d’amour nuancée où domine, de plus en plus, le fameux «je t’aime…moi non plus» des contes de fées et des romances impossibles.
Avec le Courant démocratique et le mouvement Echaâb, le parti islamiste tunisien de Rached Ghannouchi partage en effet un attachement résolu aux racines arabo-musulmanes et une ferme volonté de renouer avec la tradition coranique d’un État tentaculaire dans la filiation de la révélation divine.
S’agissant, ici et maintenant, de former le gouvernement de la République, alors que la coalition ultra «Al Karama» a immédiatement mis son radicalisme au service des ambitions nahdhaouies, les deux autres «alliés naturels» n’ont cessé de poser leurs conditions qui ressemblent bel et bien à des fins de non-recevoir.
Ces conditions établissent, en fait, un véritable mur étanche face à l’ambition surfaite d’Ennahdha de se placer, près de dix années plus tard, à la tête d’une large alliance de partis qu’elle désigne comme « révolutionnaires ».
De deux manières différentes, le Courant démocratique et Echaâb disent clairement qu’ils ne font pas confiance à Ennahdha. Le premier exigeant de diriger la Justice et l’Intérieur, ainsi que la Réforme administrative, et le second refusant que le gouvernement soit contrôlé par Ennahdha. D’où l’option pour un chef de gouvernement choisi par le président de la République.
De ce fait, le candidat d’Ennahdha, quel que puisse être son niveau d’indépendance, ne pourrait réussir sa mission que sur la base d’alliances contre nature. D’où son incapacité à finaliser la formation de son gouvernement, comme vient de le confirmer Ghannouchi qui rappelle que Jemli «pourrait demander une prolongation d’un mois».
L’impasse dans laquelle le mur de l’inconfiance place Habib Jemli fait que seul un gouvernement d’arrangements et de calculs partisans pourrait désormais aboutir, ce que Qalb Tounès, par la bouche de Hatem Mliki, promet de ne jamais avaliser. D’autant qu’à ce jour, explique-t-il, Habib Jemli n’a toujours pas exposé sa vision concrète du futur gouvernement.
Pour Mliki, «il y a un contexte qui exige de l’action et des solutions et non de faire de la politique politicienne. Le pays est en faillite et ce qu’il faudrait faire c’est mobiliser les compétences qui sont capables d’y amener de l’argent. Nous pourrions créer le club de Tunis, rassembler des experts et des personnalités au rayonnement international comme Fadhel Abdelkefi et Wided Bouchamaoui pour agir sur le développement.
Il faut sortir de la spirale de la politique et des adversités pour se concentrer sur ce qui est important, soit l’économie du pays et son développement. Si le gouvernement proposé est un gouvernement formé sur une base politique, nous ne voterons pas en sa faveur».
Quant à Zouhaïr Maghzaoui, SG d’Echaâb, il affirme sans détour : «Actuellement, on est dans l’opposition car on a gelé notre participation aux tractations. Peut-être y aura-t-il des rebondissements dans les prochains jours, mais aujourd’hui nous sommes dans l’opposition». Et de conclure: «Si nous sommes dans le gouvernement, on votera pour lui, sinon on votera contre lui».
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